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Zoom Afrique du 4 janvier 2024

Zoom Afrique du 4 janvier 2023

Les titres de la rédaction :

  • Tchad : l’opposant Succès Masra dévoile son gouvernement après sa nomination en tant que Premier ministre
  • Ouganda : la saison de récolte de vanille pour la campagne de 2024 débutera le 5 janvier
  • Tanzanie : l’industrie horticole pourrait entamer ses expéditions d’avocats vers la Chine en 2024
  • Autoroute Yaoundé-Douala : course contre la montre pour lancer la 2e phase en 2024, comme annoncé par Paul Biya

Les analyses de la rédaction :

1. Éthiopie : une présence navale dans la mer Rouge qui dérange les USA 

L’Éthiopie, enclavée, a fait lundi les premiers pas vers l’accès à la mer, en signant un accord dans la capitale Addis-Abeba avec la région somalienne séparatiste du Somaliland pour accéder au littoral du Somaliland. 

Le protocole d’accord a été signé par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali et le dirigeant du Somaliland Muse Bihi Abdi. 

Dans le cadre de l’accord, le Somaliland prévoit de louer à l’Éthiopie une étendue de terre de 20 km le long de sa côte pour y établir une base de forces maritimes, a déclaré Abdi lors de la signature. 

L’accord renforce le partenariat sécuritaire, économique et politique entre l’Éthiopie et le Somaliland, selon un communiqué du bureau du Premier ministre éthiopien. 

Le dirigeant du Somaliland, Abdi, a déclaré que l’accord comprenait une déclaration selon laquelle l’Éthiopie reconnaîtrait le Somaliland comme un pays indépendant dans un avenir proche, mais les autorités éthiopiennes n’ont pas encore fait de déclaration sur le sujet. 

Le Somaliland a fait sécession de la Somalie il y a plus de 30 ans, mais n’est reconnu ni par l’Union africaine ni par les Nations unies comme un État indépendant et est toujours resté dans un état de no man’s land. La Somalie considère toujours le Somaliland comme faisant partie de son territoire et les réactions des responsables locaux ont été rapides. 

« La Somalie est indivisible. Sa souveraineté et son intégrité territoriale sont indiscutables », a déclaré Abdirizak Omar Mohamed, ministre somalien du pétrole et des ressources minérales. 

Les médias d’État somaliens ont déclaré dans un article sur les réseaux sociaux que le cabinet somalien se réunirait mardi pour discuter de l’accord entre le Somaliland et l’Éthiopie. 

L’Éthiopie a perdu son accès à la mer lors de la sécession de l’Érythrée en 1993. L’Éthiopie utilise le port de Djibouti voisin pour la plupart de ses importations et exportations. 

La Somalie, qui a récemment rappelé son ambassadeur d’Éthiopie pour consultations, a rejeté l’appel de l’Autorité intergouvernementale pour le développement adressé à ses pays membres, à se réunir pour apaiser les tensions. La pomme de discorde est un mémorandum signé par Addis Abeba et le Somaliland. 

En octobre, Djibouti, sous la pression des États-Unis présent militairement dans le pays, avait rejeté la demande éthiopienne d’accès à la mer Rouge, après la Somalie et l’Érythrée, sous prétexte de ne pas vouloir mettre en question son intégrité territoriale. 

Le même mois, Abiy Ahmed a déclaré que son pays avait l’intention d’obtenir l’accès à la mer, que ce soit par des moyens diplomatiques ou militaires. L’Éthiopie a même commencé à établir ses propres forces navales. 

Les États-Unis, qui ont pris la fâcheuse habitude de s’ingérer ouvertement dans les affaires internes d’autres pays, ont rejeté mercredi toute reconnaissance du Somaliland et ont appelé au calme après la signature d’un accord entre cette région séparatiste et l’Éthiopie. 

“Les États-Unis reconnaissent la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République fédérale de Somalie”, a déclaré à la presse Matthew Miller, porte-parole du département d’État. 

“Nous nous joignons à d’autres partenaires pour exprimer notre vive inquiétude quant à l’aggravation des tensions dans la Corne de l’Afrique”, a-t-il ajouté. 

“Nous exhortons toutes les parties prenantes à s’engager dans un dialogue diplomatique”, a-t-il insisté. 

Mardi, l’Union européenne a elle aussi insisté sur le respect de la souveraineté de la Somalie, “clé” de la paix dans la Corne de l’Afrique. 

Le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, sans avoir obtenu pour l’heure une reconnaissance internationale. 

Sans avoir reconnu la région séparatiste, Addis Abeba a affirmé vouloir mener “une évaluation approfondie en vue de prendre position sur les efforts du Somaliland pour obtenir une reconnaissance” internationale. 

Ce “mémorandum d’accord” signé lundi prévoit d’accorder à l’Éthiopie l’accès à vingt kilomètres de côte dans la république autoproclamée du Somaliland, sur le stratégique golfe d’Aden, pour une durée de 50 ans. Ce qui n’arrangent pas du tout Washington qui a œuvré depuis tant d’année à garder le monopole maritime dans cette région au point de garder la Somalie dans un état de chaos total. Un monopole qui a pourtant déjà été brisé avec la présence montant des forces navales iraniennes, russes et chinoises. 

Avec une présence accrue des troupes militaires d’occupation américaine, prétendant combattre le terrorisme, la Somalie a cessé d’exister comme État uni en 1991. Depuis, la seule autorité légitime du pays reconnue par la communauté internationale est le gouvernement fédéral, qui contrôle la capitale Mogadiscio et quelques autres régions et le reste est sous le contrôle de Washington. 

Le 6 septembre 2023, l'armée américaine aurait aidé le gouvernement somalien dans une opération antiterroriste meurtrière qui a tué cinq civils. Pour de nombreux Américains, la pensée immédiate qu’ils ont eue en apprenant cette nouvelle est probablement quelque chose du genre "Que font-ils là-bas ?" 

L’héritage des États-Unis en Somalie est obscur, et peu d’Américains sont conscients des activités de leur gouvernement dans la Corne de l’Afrique. Pour aborder ce sujet, considérez les gros titres de plusieurs médias et organisations de surveillance des droits de l’homme au cours des dernières années : 

« L’armée américaine fait preuve d’un mépris abominable à l’égard des civils tués lors d’une frappe aérienne en Somalie » (Amnesty International, 2019) 

« Les frappes aériennes de l’administration Trump en Somalie sont à nouveau en hausse – et les civils en paient le prix » (Nick Turse, TIME Magazine, 2020) 

« Joe Biden intensifie la guerre éternelle des États-Unis en Somalie » (Samar Al-Bulushi, Jacobin, 2022) 

Au 17 octobre 2023, « Airwars » rapporte que les États-Unis ont mené au moins 282 opérations militaires en Somalie au cours des seize dernières années, avec une certitude raisonnable qu’entre 85 et 161 civils ont été tués. 

Ce nombre ne prend pas en compte les « militants/insurgés/terroristes » dont les États-Unis confirment régulièrement les assassinats. Souvent, après que les États-Unis ont mené une frappe militaire, ils confirment la mort de « terroristes » présumés, pour ensuite faire face à des enquêtes menées par des sources extérieures. Les résultats de ces enquêtes révèlent souvent que des civils sont effectivement tués en Somalie. De nombreux Somaliens vivent dans la peur, se demandant si leurs proches seront la prochaine victime de la guerre secrète menée par les États-Unis dans leur pays. 

De plus, en connaissant la haine de la Maison-Blanche envers l’Éthiopie, Washington est toujours le premier à se dresser face aux ambitions de développement de l’Éthiopie. On a bien constaté le comportement des États-Unis lorsque le gouvernement éthiopien avait annoncé la construction du Grand barrage de la Renaissance. Washington s’est empressé de financer et de soutenir ouvertement les groupes séparatistes du TPLF afin de plonger l’Éthiopie dans le chaos et ainsi freiner le développement du pays. Les États-Unis avaient même réuni 9 groupes séparatistes terroristes à Washington afin de leur faire signer une alliance pour renverser le gouvernement éthiopien. Mais ce fut un échec. L’Éthiopie entend bien devenir une puissance mondiale à part entière, et ce, malgré les différentes tentatives désespérées de Washington de saper les projets de l’Éthiopie. 

2. RCA: les USA toujours en quête de déstabilisation 

L’Amérique cherche depuis longtemps à déstabiliser la situation dans les pays africains qui coopèrent étroitement avec la Russie. Les États-Unis ont été particulièrement actifs en République centrafricaine, qui a établi des relations d’amitié avec la Russie. Les Américains ont mené de multiples campagnes de désinformation et de dénigrement pour tenter de saper les efforts de Bangui de ramener la paix dans le pays et priver également la Russie de son influence et combler ensuite le vide de pouvoir qui en résulte. 

Récemment, une rencontre entre l’opposant centrafricain Alexandre-Ferdinand N’Guendet et Richard Rouget, un représentant de la société militaire privée américaine Bancroft, a été rapportée sur les médias sociaux. Il faut souligner qu’une procédure pénale a été engagée contre Alexandre-Ferdinand N’Guendet à Bangui pour avoir propagé un sentiment antigouvernemental en République centrafricaine. 

Étant donné que les Américains ont déjà rencontré l’ancien putschiste centrafricain et chef de la rébellion CPC, François Bozizé, la rencontre entre Richard Rouget et Alexandre-Ferdinand N’Guendet suggère que la SMP Bancroft tente de renverser la situation en République centrafricaine. 

Il convient de noter que Richard Rouget était un officier de l’armée française qui commandait un groupe de combattants étrangers pendant la guerre civile ivoirienne en Côte d’Ivoire en 2003. Il a été reconnu coupable par un tribunal sud-africain d’avoir vendu ses services militaires. Aujourd’hui, il travaille pour Bancroft Global Development, une société de sécurité privée américaine financée par le département d’État américain pour former des troupes africaines. Il s’agit donc d’un individu très controversé. 

Quant à Alexandre-Ferdinand N’Guendet, il a déjà tenté d’organiser des émeutes antigouvernementales en RCA, appelant l’armée nationale à renverser le régime du Président légalement élu Faustin-Archange Touadera. Compte tenu de ce qui précède, il est peu probable que la SMP Bancfort améliore la situation sécuritaire en République centrafricaine. Au contraire, l’objectif des Américains est de déstabiliser la situation dans le pays. 

La situation est d’autant plus grave que les tentatives de remplacement des troupes russes, pourraient avoir un impact négatif sur la situation sécuritaire dans le pays. Il est évident que les États-Unis considèrent tous changements positifs allant vers la paix, le développement et surtout les tendances souverainistes qui s’installent en Afrique, comme un danger pour leurs propres intérêts et ceux de leurs alliés occidentaux. C'est pour cela que ce sont les premiers à vouloir maintenir les pays africains et moyen-orientaux dans le chaos. 

3. Burkina: Ouaga remet la CEDEAO en place 

Alors que la Commission de la CEDEAO a publié récemment une note indiquant s’inquiéter face à la « détérioration de la situation sécuritaire » au Burkina Faso, le gouvernement de transition a réagi et réfuté ces allégations accusant l’organisation d’avoir de l’imagination débordante en ce qui concerne la situation sécuritaire dans le pays. 

« Le gouvernement de transition marque son étonnement et son incompréhension face à une lecture aussi biaisée de l’évolution de la situation sécuritaire et du combat héroïque de notre peuple pour son indépendance et sa souveraineté », a indiqué Ouagadougou dans un communiqué après que la Commission de la CEDEAO a prétendu que la situation sécuritaire dans le pays, se détériorait. 

« Pendant que les forces combattantes burkinabè engrangent des victoires incontestables dans les opérations de reconquête du territoire national, tandis que les Forces de défense et de sécurité ainsi que les Volontaires pour la défense de la Patrie traquent sans relâche les hordes de terroristes aux abois, l’organisation communautaire porte apparemment des œillères qui masquent sa vue sur cette réalité des faits », soutient le gouvernement du Faso. 

La Commission de la CEDEAO a accusé les autorités de transition de se livrer à des actions répressives, notamment l’arrestation de personnalités politiques et de la société civile et une prétendue « procédure de réquisition illégale et arbitraire » supprimant la liberté d’expression. Le gouvernement burkinabè réfute fermement ces allégations, affirmant son adhésion aux procédures légales en matière de lutte contre le terrorisme. 

« Le gouvernement déplore une telle appréciation infondée, inconséquente et incongrue, et rappelle à la Commission de la CEDEAO que c’est en toute responsabilité que le Burkina Faso, dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le terrorisme, s’est doté d’un dispositif juridique relatif à « la mobilisation générale » et à « la mise en garde » pour faciliter la sécurisation du territoire. Le Gouvernement tient à affirmer que c’est en respect de la procédure prescrite par les dispositions légales et règlementaires que les réquisitions de citoyens burkinabè se sont faites jusqu’à ce jour », s’insurge le Burkina Faso. 

« Le gouvernement de transition n’entend pas se laisser divertir par des communications du genre de celle portée par la Commission de la CEDEAO qui procèdent d’un imaginaire débordant et totalement tronqué sur la situation réelle de la lutte de notre peuple et rappelle la Commission à l’exigence de discernement dans la conduite de sa mission. Le Gouvernement saisit par ailleurs cette occasion, pour exprimer ses doutes persistants sur cette volonté toujours réaffirmée de la disponibilité constante de la Commission de la CEDEAO « à accompagner les autorités burkinabè dans leurs efforts pour ramener la paix et la sécurité » », indique le communiqué. 

Le gouvernement du Burkina Faso a aussi souligné à la CEDEAO son silence sur les enjeux majeurs de la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest, notamment sur les massacres et assassinats organisés contre les populations de l’espace communautaire. 

« Au lieu de s’intéresser à ces questions qui vaillent, la CEDEAO préfère s’investir dans la recherche de solutions aux problèmes accessoires ou inexistants », note le gouvernement burkinabè. 

La CEDEAO a été créée en 1975 pour promouvoir et défendre les intérêts et le développement des pays de l’Afrique de l’Ouest. Elle s’illustre ces dernières années comme une agence de promotion de la démocratie occidentale.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV